Ces soeurs avaient un établissement sur Morlaix et s'occupaient des pauvres. Elles ne veulent pas être confondues
avec les autres religieuses qui sont, selon leurs dires, "oisives et inutiles". Elles ont été établies à Morlaix
depuis le 16 août 1788 jusqu'au 15 avril 1791.
Elles sont chargées de l'établissement aux soins de cette
congrégation de Morlaix. Les scellés avaient été apposés sur leurs remèdes, effets, etc... en septembre 1792.
Elles avaient été incarcérées vers avril 1794 et furent libérées en avril de l'année suivante. C'étaient des femmes qui n'avaient pas prononcé de voeux et qui étaient libres.
Leurs biens avaient été saisis. Elles devront rentrer chez elles à raison de 6 sous par lieue d'indemnités.
Pétition aux administrateurs de Morlaix
Les pétitionnaires soussignées viennent au bout de 11 mois de recouvrer une liberté qui n'eut jamais dû leur être otée
puisqu'elles n'ont été mises en arrestation qu'en qualité de religieuses, tandis que partout ailleurs des comités
aussi éclairés que celui de Morlaix n'ont pas confondu des femmes dévouées au soulagement de l'humanité souffrante, non par de voeux
mais par l'amour de faire le bien, avec ces religieuses oisives et inutiles qui s'étaient liées par des
voeux aussi indissolubles que contre les droits de la nature.
Les pétitionnaires qui n'étaient point à la charge de la nation, qui subsistaient même au seul appui
du bien qu'elles faisaient avaient à elles appartenant des meubles qu'elles avaient acquis ainsi
qu'une pharmacie établie, en les incarcérant on a fait main basse , tout transporté ou tout vendu, il ne leur a été laissé
à peine que leurs vêtements.
Aujourd'hui qu'elles ont toutes des routes très longues et très pénibles à parcourir pour rejoindre
leurs familles, elles osent réclamer et croient devoir attendre de votre justice les secours nécessaires pour
rejoindre leurs parents.
À Morlaix le 14e ventôse de l'an troisième de la République française.
Les ci-devant soeurs Grises ou de la Charité qui formaient l'établissement de
cette commune.
Signé, Jeanne Castaignier et Anne Phily